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Enquête- Compagnies pétrolières en Tunisie : LE PRIX DU SILENCE …

Depuis 2011, les compagnies pétrolières ne se bousculent plus sur la Tunisie.  Les investissements dans le domaine de l’exploration et de développement des Hydrocarbures ont atteint environ 950M$ en 2013. On est loin des niveaux atteints au cours de la dernière décennie. En 2014, les chiffres en seront pas meilleurs, malheureusement. Les gens du secteur redoutent même plusieurs départs de compagnies pétrolières…accusées, à tort ou à raison, de complicité dans la mauvaise gestion du secteur. Reste à voir…

Lors de la discussion de la loi de finances complémentaires, en juillet dernier, le Chef du Gouvernement, Mehdi Jomaa est monté personnellement au créneau devant l’ANC pour tenter de mettre fin au discrédit qui frappe le secteur. Il a exhorté les membres de l’ANC et tous ceux qui possèdent des « dossiers compromettants» de les présenter à la justice au lieu de continuer à nuire à la réputation du pays, causant la désaffection des investissements étrangers.

Les responsables su secteur mais surtout les  compagnies pétrolières étrangères sont pointés du doigt. Un certain Zerkine, député a l’ANC  et président de la commission spécialisée en la matière, en a fait une affaire personnelle au point de déclarer une grève de la fin…et de prétendre qu’il a été l’objet de menaces, très vite démenties par le Ministère de l’Intérieur. Il est relayé par des avocats parfois « revanchards » .

60 compagnies sur la liste

En dépit de la modestie de ses ressources pétrolières en comparaison avec ses voisins, la Tunisie a accueilli depuis plusieurs années de nombreux grands groupes pétroliers à savoir Marathon Oil, Shell, Eni , British Gas ,Elf Aquitaine, OMV, Petrofac …etc. Cette présence s’explique notamment par une législation claire, souple et offrant divers avantages qui attirent et favorisent les investissements émanant d’operateurs nationaux et étrangers. Malgré la faible attractivité du sous-sol tunisien. Par rapport à nos voisins…

La Tunisie a été longtemps classée comme un producteur secondaire et bien qu’elle présentait de petits gisements. Mais avec l’envolée des prix pétroliers sur le marché international, les groupes étrangers ont repris leurs activités d’exploration et de production en Tunisie .

Le nombre de permis en cours de validité s’élève à 44 en 2014 ,  dont 38 permis de recherche et 7 permis de prospection,  couvrant une superficie totale de 138 137 km², et 52 concessions d’exploitation sont en cours de validité. Mais on est loin de l’enthousiasme des grands jours…(les chiffres datent du mois de mars).

 

Ces permis sont détenus par des compagnies internationales et tunisiennes à la faveur des conventions signées avec l’Etat Tunisien et des contrats d’association ou de partage de production avec l’Entreprise Tunisienne d’Activités Pétrolières (ETAP).

Le nombre de sociétés pétrolières est passé de 47 sociétés en 2007 à  60 sociétés opératrices à fin 2013, en étroite relation avec l’octroi de nouveaux permis de recherche et de prospection.

Globalement, les investissements dans le domaine de l’exploration et de développement des Hydrocarbures ont atteint environ 950M$ et ce à fin 2013.En 2014, les chiffres en seront pas meilleurs, malheureusement, les gens du secteur redoutent plusieurs départ…

On releve une  présence active des entreprises européennes : Les Compagnies Européennes  représentent 33% du marché, en 2ème lieu  les sociétés Arabes (23%), puis asiatiques (22%) puis Canadiennes (13%), et  enfin les  Américaines (8%).

Les Entreprises Tunisiennes constituent environ 23% du marché de l’exploration et de la production du pays. L’Entreprise Tunisienne d’ Activités Pétrolières gère les réserves nationales et agit en tant que partenaire principal représentant l’Etat  dans presque la majorité des  activités d’exploration et de production

le nombre des sociétés de services pétroliers n’a pas cessé d’augmenter pour  atteindre environ 120 sociétés de nationalité différente à fin 2013.

ENI relance son départ de Tunisie

La révolution a crée une nouvelle race d’intervenants dans le secteur de l’énergie : les experts et les analystes. Sur les plateaux et dans des documentaires, certains excès étaient parfois observés. Et elles déplaisaient aux compagnies « qui ne voulaient pas se mêler à la cuisine interne des tunisiens »

En tout cas, un certain malaise prévaut aujourd’hui chez plusieurs compagnies implantées en Tunisie après 4 années de révolution. Comment l’expliquer ? « Le tollé qui s’est levé avec l’affaire du gaz de schiste, explique le directeur général d’une entreprise de distribution de pétrole, a constitué un frein pour les activités pétrolières déjà gangrénées par certaines affaires de corruption et les sit-in observés dans la principaux champs pétroliers ». La production pétrolière ne cesse de baisser « en  raison de l’absence de nouvelles découvertes, ajoute-t-il, mais aussi à cause de l’arrêt de certains puis à Tataouine notamment. »

British gas Tunisia, qui fournit plus de 60% du gaz naturel du pays, a réagi, il y a deux semaines, en se défendant des « malversations et autres abus » qui lui ont été « collés » par les médias et partis politiques tunisiens. BG a été épinglée par le rapport de la Cour des Comptes de 2012 . A l’mage des autres compagnies, depuis plus de vingt ans, « elles pratiquent une politique hostile envers les journalistes et les média tunisiens…Peu d’entretien, pas de reportage, aucune conférence ou réunion de presse. Rien ne filtre sur leur présence en Tunisie , « on dirait des bases militaires, ironise un collègue, et chaque fois qu’on leur demandait une information la réponse est la même : on va transférer votre requête au siège … » Histoire de noyer le poisson dans du « pétrole » ! Aujourd’hui certaines compagnies payent le prix de leu mutisme. Les préjugés sont parfois difficiles à balayer  lorsqu’elles s’accumulent au fil des ans.

En visite en Tunisie en 2012, le président d’ENI, Scaronni avait déjà informé les responsables tunisiens de l’intention d’ENI de quitter la Tunisie. Motif avancé : la production pétrolière de la société en tunisie ne peut plus justifier sa présence sur les lieux.

L’activité d’ENI en Tunisie a démarré en 1960 et s’est concrétisée par la découverte en 1964, du gisement pétrolier d’El Borma.

Dans le domaine du gaz, la compagnie italienne s’est déjà désisté de participer à la réalisation du gazoduc dans le Sud tunisien pour acheminer les gaz qui y sont produits, notamment vers Gabès. Le coût initial de ce projet était de 600 millions de dollars (environ 780 millions de dinars).

L’idée de quitter la Tunisie pourrait se concrétiser après l’été 2014. C’est la Sté autrichienne OMV qui reprendrait les parts d’ENI

 

Actuellement , la société Autrichienne « OMV » est l’une des plus en Tunisie : OMV a investi, depuis la fin de l’année 2012 jusqu’à fin 2013, plus que 100M$ pour le forage de 8 puits d’exploration  répartis sur trois permis de Recherche « Jenein Sud », « Jenein Nord » et « Anaguid » et la Concession d’exploitation « Cherouq » qui ont abouti  à la réalisation de 4 découvertes . OMV compte également investir près de 20M$ pour le forage de deux puits d’exploration sur la concession « Nawara »situé dans le Sud de la Tunisie et ce courant l’année 2014.

Mais comme le montrent les évolutions sans cesse observées du coté de Tataouine, cette société, tiendra-t-elle encore le coup ?

 

Mohamed Amine

 

Jamel Arfaoui
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