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LIBYE. Pourquoi Algérie et USA mènent une opération conjointe

Les deux pays travaillent ensemble à des actions contre les djihadistes en Libye. Et protègent un ancien officier libyen. Une première.

 

C’est une première ! Des éléments des forces spéciales américaines et algériennes mènent conjointement, depuis une semaine, des actions contre les djihadistes en Libye. Alger a fermement démenti l’information, la Constitution algérienne interdisant à l’armée d’être déployée à l’extérieure de son territoire en temps de paix. Mais selon nos informations, non démenties par des sources sécuritaires algériennes, ce sont bien les commandos du 4e régiment de parachutistes, appuyés par des hélicoptères de combat et les hommes du Groupe d’intervention spécial (GIS), l’équivalent du service Action de la DGSE, et leurs homologues américains du 317e escadron des Forces spéciales, qui sont sur le terrain.

Ils sont chargés, avec les Américains, d’une délicate mission : “Il s’agit d’accompagner la prise du pouvoir, ou de récupérer vivant, en cas d’échec, l’ancien général libyen Khalifa Hattar, 71 ans, affirme une source du renseignement occidental interrogé par “Le Nouvel Observateur”. Exilé auxEtats-Unis en 1986, devenu citoyen américain deux ans plus tard, Khalifa Hattar a été recruté par la CIA en 1990. A la mi-mai, il a lancé l’opération ‘Dignité’, qui devait débarrasser le pays des phalanges islamiques. Mais l’offensive du vieux guerrier en Libye, pourtant soutenue par une partie de l’armée, semble tourner au fiasco. Pourquoi ?

Considéré comme putschiste par Tripoli

Dès le début de l’opération ‘Dignité’, Hattar snobe le pouvoir légal de Tripoli et les tribus hostiles aux islamistes, parce qu’il réussit à joindre à sa cause une centaine de soldats et une poignée d’officiers. Il s’autoproclame aussi chef de l’Armée nationale libyenne. “Pour les autorités, il devient alors un putschiste”, explique notre source. Fort du soutien des Américains et des Algériens, il commet une grave erreur en faisant bombarder, le 28 mai, des bases djihadistes. Bilan de l’opération : une centaine de morts et des dizaines de blessés parmi les combattants islamistes, mais aussi parmi les civils. L’officier retraité a-t-il sous-estimer son adversaire principal, à savoir Ansar al-charia, l’organisation djihadiste la plus importante de Libye, partisane de la charia. Toujours est-il que l’organisation terroriste ne tarde pas à riposter. Le 4 juin, Hattar est blessé lors d’un attentat-suicide qui le visait, dans son quartier général de Benghazi.

La CIA envisage alors une exfiltration de son agent et de ses hommes, tout en maintenant l’autre option (prise du pouvoir par Hattar) sur la table. Elle sollicite l’aide de l’Algérie qui accepte. Ses forces spéciales ont déjà mené un raid, avec succès, en territoire libyen. C’était le 24 octobre 2013 pour anéantir un campement d’AQMI.

Une unité américaine pointue

Pour garantir le succès de l’opération, 25.000 soldats algériens se sont déployés le long de la frontière libyenne, dans le sud ouest. A quoi, il faut ajouter, au nord, le navire d’assaut amphibie USS Bataan, avec 1.000 marines à bord, qui croise en Méditerranée, très près des côtes du Maghreb.

Le commando américain appartient lui à l’unité du Commandement des Opérations spéciales pour l’Afrique (SOCAFRICA), dépendant de l’AFRICOM basé à Stuttgart (Allemagne). Il avait capturé Abou Nas Al-Libi, un proche d’Ayamn Zawahiri, l’émir d’Al-Qaïda, le 6 octobre 2013 , chez lui à Tripoli.

Cette unité pointue a habituellement pour mission de “neutraliser” et d’exfiltrer des djihadistes, recherchés par le FBI, dans le plus grand secret. Elle est chargée -au cas où- de rapatrier, dans les meilleurs délais, des commandos qui seraient gravement blessés, lors d’un accrochage. Cet escadron se déplace par petits commandos de 9 personnes, à bord d’un petit avion d’affaires suisse, le Pilatus PC12. Discret, il est capable de se poser et de décoller sur une piste courte, même sur l’herbe. Le 20 janvier dernier, un Pilatus a atterri sur la base militaire française de Gao, au Mali. Trois autres de ces appareils sont stationnés au Niger, au Tchad, en Mauritanie et au Burkina. En fait, depuis 2009, cette unité “invisible” écume le Sahara. Combien a-t-elle mis de terroristes au tapis ? Mystère !

Les forces combinées algériennes et américaines pourront-elles sauver le soldat Hattar ? “Cette intervention peut tourner court”, s’inquiète notre source, notamment “si l’ancien militaire campe sur sa position rigide.”

Farid Aïchoune – Le Nouvel Observateur

 

Jamel Arfaoui
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