AccueilالاولىPrès de 400 djihadistes potentiels signalés depuis fin avril

Près de 400 djihadistes potentiels signalés depuis fin avril

Cinq mois après sa mise en œuvre, la plate-forme de signalements du djihadisme poursuit sa montée en puissance. Activé depuis le 29 avril dernier par le ministère de l’Intérieur, ce dispositif visant à «éviter qu’un départ se produise quand des familles découvrent qu’un des leurs est en train de basculer» a permis de signaler 387 profils inquiétants sur l’ensemble du territoire. Selon ce dernier bilan porté à la connaissance du Figaro, 283 signalements ont été révélés grâce au numéro vert (0 800 005 696). Les autres ont été transmis par Internet. Parmi ces supposés candidats à la «guerre sainte» figurent 95 mineurs, soit près d’un tiers du total, ainsi que 167 femmes, dont la représentativité a progressé pour atteindre les 45 %. Autre enseignement, la moitié des profils sont des convertis, qu’ils soient «effectifs ou probables». Enfin, 79 d’entre eux sont partis vers les zones de combat avant que la police puisse les intercepter.

Prises en charge au «cas par cas»

Méticuleux, les services de renseignements criblent chaque personne signalée, ainsi que son entourage susceptible d’avoir précipité sa radicalisation. Soucieux d’apporter la réponse la plus fine possible, Bernard Cazeneuve a confié aux préfectures le soin d’instaurer des prises en charge au «cas par cas», en mobilisant au besoin Pôle emploi, le rectorat, les services d’assistance sociale ou psychiatrique. Tournant à plein régime, la plate-forme antidjihad est aujourd’hui animée une dizaine de réservistes formés pour discriminer avec le maximum de réactivité les messages jugés «pertinents».

Ce panorama, qui n’a guère évolué depuis le début des frappes en Irak, devrait être affiné par une psychologue récemment embauchée par la police. Sans attendre, Dounia Bouzar, ancienne éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse, livre de son côté de précieux enseignements sur ces familles qui la contactent depuis la mise en place au printemps du Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam (CPDSI). Consultée lors de la mise en place du plan antidjihad, elle publie le 9 octobre prochain ces témoignages de «mères orphelines» dans un ouvrage intitulé Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l’enfer (Éditions de l’Atelier).

En cinq mois, 130 familles assistant à la radicalisation de leurs enfants ont pris contact avec elle. Six par semaine. Profil? À 80 % athées, 60 % de parents enseignants, 90 % de classes moyennes et supérieures. La partie émergée de l’iceberg. «Notre principal problème, c’est de ne pas toucher les familles populaires. Elles ne nous font pas confiance, par peur de la répression, de voir leurs enfants fichés. Et lorsqu’elles nous contactent, c’est généralement trop tard», déplore Dounia Bouzar. Le centre a établi une gradation de la radicalisation, autour de quatre indicateurs: rupture amicale (l’enfant cesse de voir des amis devenus «impurs»), sociale (arrêt des loisirs), scolaire et familiale. Si la médiatisation a permis d’augmenter le niveau d’alerte, reste l’écueil des confusions et amalgames. «Arrêter de faire de la guitare parce que c’est le Mal, ce n’est pas faire une crise d’adolescence, résume Dounia Bouzar. De même, on ne sera efficace que lorsque tous les interlocuteurs au contact de ces jeunes seront capables de faire la différence entre islam et radicalisme.» Maillons faibles de la chaîne selon elle: les travailleurs sociaux, souvent débordés, et une partie des enseignants, partagés entre peurs d’entraver la laïcité et d’être taxés d’islamophobie.

 

Lefigaro

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