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New York Times : Des armes chimiques occidentales entre les mains de l’État islamique

 

En debut de semaine, le New York Times a mis en ligne un reportage des plus inquiétants, intitulé « Les victimes secrètes des armes chimiques abandonnées en Irak ». Le quotidien a enquêté sur la découverte par l’armée américaine d’armes chimiques datant des années 90 en Irak et sur les conséquences que cela a eues en matière de santé sur les soldats. Une enquête où l’on apprend que le gouvernement des Etats-Unis a fait tout son possible pour cacher l’existence de ces armes disséminées sur le territoire irakien, dont il était en partie responsable.

Entre 2004 et 2011, alors que l’armée américaine est en pleine guerre en Irak, ses soldats font en effet d’étranges découvertes. Enfouis dans le sol, des obus, des munitions, des armes qui datent du début des années 90. Mais surtout, ces armes sont chimiques, remplies de gaz moutarde, de sarin. Vestiges d’un temps où Saddam Hussein était encore à la tête de l’Irak et où l’Occident ne le considérait pas encore comme une cible à abattre.

Le New York Times dévoile que, durant toutes ces années de présence de l’Irak, l’armée américaine a multiplié les rapports, toujours secrètement, annonçant avoir déterré plus de 5 000 armes chimiques. « Les Etats-Unis sont partis faire la guerre pour détruire des armes de destruction massive. Mais au lieu de ça, les troupes américaines ont progressivement trouvé les restes d’une collaboration étroite abandonnée depuis longtemps. », relate le journal. Et aucun militaire, aucun médecin, n’avait été préparé pour de telles découvertes.

Du passé oublié au déni du présent

Ces armes auraient été construites avant 1991 et étaient destinées à servir durant la guerre Iran-Irak. La plupart d’entre elles étaient vides quand elles ont été retrouvées. Le produit chimique s’est donc répandu autour, dans le sol. Ces armes sont là, à l’air libre parfois, à l’abandon depuis des années, exposant les populations locales à de mortels agents chimiques, sans qu’elles le sachent.

Puisque ces armes violent la Convention sur les armes chimiques, en les (re)découvrant dans les années 2000, le Pentagone aurait dû les détruire. Il n’en fait rien car la Convention, explique la porte-parole du Pentagone, « n’envisage pas cette situation » ! Le seul mot d’ordre a été le silence. Dans les rapports, il est indiqué que les soldats n’ont pas été exposés à des « vapeurs chimiques » mais à des « armes chimiques de terroristes ». Nuance…

Dans les faits, les soldats qui faisaient pareilles découvertes devaient avertir un spécialiste de ce genre de munitions. Le temps que celui-ci arrive et jusqu’à leur destruction, ils étaient exposés aux agents chimiques, sarin ou gaz moutarde, sans vraiment savoir à quel point cette situation les mettait en danger. Même les médecins sur place n’étaient pas formés pour diagnostiquer les contaminations. Du coup, ils se contentaient de soigner les symptômes (pertes d’équilibre, démangeaisons…). Pis, le gouvernement américain refuse de reconnaître que ses soldats ont été exposés à ces agents chimiques et donc de leur fournir les soins appropriés (car on ne peut pas être blessé par quelque chose qui n’existe pas !). Des années plus tard, leurs problèmes respiratoires seront traités, sans faire mention des armes chimiques.

Le revers de la médaille

« Dans cinq des six incidents durant lesquels des soldats ont été blessés par des agents chimiques, on a découvert que les munitions avaient été conçues aux Etats-Unis, fabriquées en Europe et remplies d’agents chimiques en Irak, par des entreprises occidentales. » Voilà ce qu’il s’est passé. Etats-Unis, Allemagne, Espagne, Egypte, Italie et Belgique ont, d’après les révélations du New York Times, d’une façon ou d’une autre, participé au programme d’armement chimique de l’Irak. Et l’ONU le savait.

Mais il y a encore plus inquiétant. Désormais tout ceci est entre les mains de l’État islamique (etsi Bagdad tombe, ça sera pire, la région étant la plus « riche » en restes d’armes de ce type). Comme un dernier avertissement, en juin dernier, le gouvernement irakien écrivait aux États-Unis pour leur rappeler qu’environ 2 500 armes chimiques étaient encore enfouies dans le sol irakien. Mieux vaut équiper les soldats de la coalition (irakiens et kurdes compris) et préparer les médecins de guerre, histoire d’éviter le pire, cette fois-ci

 

Jamel Arfaoui
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