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Satyrus, un cauchemar éveillé

Il faut être un peu dingue, voire complétement fou, pour comme l’a fait Iheb Amri, accoucher d’un court métrage aussi étrange et détonnant que Satyrus, en compétition pour la deuxième édition des Nuits du court métrage tunisien, organisée par la maison de Tunisie et le PACTE Tunisien, après avoir reçu les hommages de la presse internationale au prestigieux festival de New York Short film Shootout 2014.

Ce gaillard effilé, issue de l’école des lettres, tâte du cinéma depuis l’âge de 16 ans. Une dizaine de projets plus tard, Iheb Amri n’a rien perdu de l’innocence de ses débuts. En témoigne, son somptueux « expérimental » dans lequel il a concentré, en 3 min 49 sec, deux années de travail et de recherche sur les couleurs, les mouvements, les sons, les citations, les voix off et la vélocité des bruits.

Dans Satyrus, la couleur n’est pas médium mais matière, et le son, une toile en trois dimensions dans laquelle cette matière, l’espace d’une seconde, imprimera sa pellicule. La débauche de lumière parvient à agripper littéralement le spectateur et le soin tout particulier accordé aux « bruitages », parvient ainsi à nous plonger dans une atmosphère qui se décèle assez aisément dans cette fresque mouvante. Tout ça n’est pas complètement creux, mais a pour but profond d’illustrer le concept de solipsisme, selon lequel il n’y aurait pas de réalité à l’extérieur de soi. Au-delà de tous ces impératifs physiques, Satyrus est le produit d’une imagination pouvant donner forme à l’informe, un sens au néant, une émotion à l’abstrait, une effervescence au « bruit ».

« J’avais une assez bonne idée, au départ, de ce à quoi ça allait ressembler, mais le chemin pour y parvenir n’était pas évident », résume le réalisateur. La production de Satyrus ne fut cependant une épreuve, et Iheb Amri est le premier à la reconnaître : « c’est un film qui a couté 0 dinars ». Il nourrit aujourd’hui de grandes espérances pour son film, qu’il distribue lui-même. En dehors des festivals, toutes fois le sort réservé aux courts métrages est souvent incertain.

Armé d’un film « majestueux », qui nous ensorcelle par sa beauté mais sème ultérieurement le trouble dans nos esprits torturés par le comment de l’affaire, Iheb Amri a sans doute trouvé la solution : « l’autoproduction ; hors le système de production officiel et avec le minimum des couts ». 

Rahma BELDI

 

 

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