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Mhiri d’Amen Invest : l'affaire Syphax Airlines peut se développer même vers la confiscation des biens de Frikha

Il sera difficile à la  compagnie aérienne privée Syphax Airlines d’assurer sa relance, a indiqué à l’agence TAP, Moez Hadidane, gestionnaire de fonds auprès d’un intermédiaire en bourse. Réagissant à l’annonce faite à la mi-octobre, par la direction générale de Syphax, relative à «la reprise prochaine de ses activités» et à la «réintégration de son personnel à compter de la date du commencement de la saison hiver IATA 2015/2016», soit à partir du mois de novembre 2015, Hadidane a estimé qu’il s’agit là d’une nouvelle «riposte» du fondateur de la compagnie Mohamed Frikha. D’après lui, il s’agit d’une contre-attaque de la part de Frikha à la décision du Conseil du Marché Financier CMF (le 20 août 2015) de le soumettre, en sa qualité d’actionnaire majoritaire de Syphax, à une Offre Publique de Retrait (OPR). En vertu de cette décision, Frikha serait tenu de racheter les 2 402 671 actions, propriété du reste des actionnaires, moyennant un prix de 3,900 dinars, ce qui lui «coûterait une somme de 9,37 millions de dinars (MD) et la radiation  définitive des actions Syphax de la cote de la bourse». A noter que l’action Syphax a chuté de plus de 60% de sa  valeur, étant donné que le prix de lancement sur le marché financier (en avril 2013) s’élevait à 10 dinars, ce qui est à  l’origine d’une perte sèche pour les actionnaires et plus  particulièrement pour les petits porteurs.
• Comment Frikha compte-t-il sauver Syphax Airlines ?
Revenant au communiqué publié par Syphax sur son plan de reprise, l’expert a noté qu’au vu «des capitaux propres négatifs», «de la rupture depuis janvier 2015 de son contrat de location de l’AIRBUS A330 avec Airbus Leasing» et «de la suspension de l’Association Internationale du Transport Aérien (IATA) (le 29 juillet 2015) de ses activités avec la compagnie Syphax Airlines en raison d’impayés auprès de la structure chargée de régulation des paiements et des facturations», la compagnie devra se doter de tous les outils juridiques, matériels, et institutionnels qui permettront un sauvetage aussi difficile.
• Poursuite du bras de fer entre Frikha et le CMF
Hadidane n’a pas manqué de souligner que «depuis le 18 novembre 2014, date de suspension de la cotation des actions Syphax Airlines à la demande du CMF, sur fond d’informations se rapportant à des anomalies comptables et organisationnelles  de ladite société, le bras de fer entre l’actionnaire de référence de la compagnie (Mohamed Frikha) et les autorités du  marché financier ne s’arrête pas. Pour ce qui est de la décision de l’OPR, le CMF a fait état d’«un manquement de la société à ses obligations en matière de publications», et notamment en ce qui concerne ses états financiers 2013, qualifiés de «trompeurs et comportant des chiffres erronés». La compagnie n’a toujours pas publié ses états financiers 2014, d’après le CMF, ni les indicateurs 4T14, 1T15 et 2T15, et n’a pas tenu son Assemblée Générale Ordinaire dans les délais, ce qui constitue aussi un manquement à ses engagements. Le CMF évoque, également, une correspondance dans laquelle les commissaires aux comptes font part de la détérioration de la situation de Syphax Airlines, compromettant sa capacité à poursuivre ses activités. Par ailleurs, «Syphax Airlines a tenu, le 8 septembre 2015, dans la plus grande discrétion, ses Assemblées générales ordinaire et extraordinaire. Lors de ces réunions, la direction générale de la compagnie a présenté à l’AGO, les états financiers modifiés de 2013, affichant un déficit de 44,4 MD, au lieu de 11,6 MD, ainsi que ceux relatifs à l’exercice 2014 durant lequel Syphax Airlines a essuyé une lourde perte. L’AGE tenue le même jour, a approuvé une première augmentation de capital de 40 millions de dinars, et ce par l’émission de 8 millions d’actions à 5 dinars chacune», a fait savoir Hadidane.
• « Frikha risque la confiscation de ses biens». Dixit : Amen Invest
De son côté, Wissem Mhiri, responsable d'”Amen Invest” (intermédiaire en Bourse), a estimé que Syphax Airlines est dans l’obligation de se soumettre à la décision du CMF, assurant que cette affaire “peut se développer même vers la confiscation des biens de Frikha, si ce dernier continue à traîner les pieds ou s’il ne dispose pas de l’argent pour  acquérir le reste des actions”. «Au niveau de notre bureau d’intermédiaire en bourse, nous comptons actuellement, environ 200 personnes qui ont investi à Syphax, et l’ensemble de ces actionnaires tiennent à vendre leurs actions. Je pense que c’est le cas pour le reste des intermédiaires en bourse», a-t-elle noté. D’après elle, «il est inadmissible de prendre à la légère des  cas pareils, sinon nous risquons de mettre en doute la crédibilité du marché financier». Le rôle du CMF est, pour elle, “de protéger les sociétés cotées, mais aussi, de défendre les intérêts des petits porteurs. L’objectif étant de persuader les tunisiens à investir à la bourse”.
• Sollicitée par Frikha pour le sauver, l’AIB soutient l’OPR
En dernier recours, pour sauver sa compagnie, Frikha a envoyé, le 19 octobre courant, une lettre à l’Association des Intermédiaires en Bourse (AIB), l’appelant à intervenir auprès des autorités compétentes afin de les sensibiliser quant aux «dépassements» commis par le CMF”, estimant que ce dernier «n’a le droit que d’annoncer ou de refuser les OPR et non pas d’obliger les sociétés à le faire». Dans cette lettre, Frikha a affirmé, aussi, que «l’OPR » sera une opération fictive, en raison de la non disponibilité  des liquidités pour sa concrétisation et va attiser les tensions parmi les petits porteurs et susciter le  mécontentement envers les intermédiaires en bourse et le marché financier et ses dirigeants».
Adel Grar, président de l’AIB, a fait savoir que l’Association  soutient la décision de l’OPR prise par le CMF, en attendant  que la justice statue définitivement sur la question. En fait, a-t-il indiqué, Frikha a déposé un recours en référé pour surseoir à l’exécution de la décision de l’OPR annoncée par le CMF. Ce recours  a été rejeté par la cour d’appel de Tunis, le 8 octobre 2015. Parallèlement, l’homme d’affaires tunisien a fait appel de la décision du tribunal relative à l’application de l’OPR, dont la première audience est prévue pour le 17 novembre. En ce qui concerne la mise en exécution de l’OPR, Grar a admis que cette tâche ne revient pas au CMF, mais il a tenu à préciser que ce genre de décisions prises par le CMF, est soumise automatiquement, à la justice, qui se charge de les appliquer. Dans le même contexte, il a rappelé que “l’affaire portant sur  l’OPR de Syphax ne constitue pas une première en Tunisie, puisque le marché financier a vécu une affaire similaire, durant les années 90, avec le Comptoir National Tunisien”. Mettant l’accent sur la situation actuelle de la compagnie Syphax, il a rappelé que «suite à la dégradation de la situation de la compagnie, elle a été placée, depuis juillet 2015, sous la Loi n° 95-34, relative au redressement des entreprises en difficultés économiques”. En vertu de cette loi, «peut bénéficier de ce régime toute entreprise dont les pertes ont atteint la totalité des fonds propres ou ayant enregistré des pertes dépassant trois quarts de ses fonds propres sur trois années successives». Selon Grar, Syphax est, désormais, placée sous l’autorité d’un administrateur judiciaire, pour assurer sa gestion.
Tap

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