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Investissements Destructifs

Depuis une vingtaine d’années, l’économie nationale était malmenée notamment au niveau de l’agriculture, du tourisme et surtout de l’industrie. Les grands opérateurs de l’industrie se dessaisissaient de leurs outils de production, pour se convertir en “rentiers”, principalement dans la distribution moderne ou dans l’économie souterraine.
En ce qui concerne l’économie structurée, nous assistons depuis quelques années au démantèlement de l’Industrie nationale (cession d’usines aux IDE, liquidation d’actifs, ou fermeture pour faillite) et à l’industrialisation de la Distribution notamment des produits de consommation importés.
C’est ainsi que nous avons enregistré de gros investissements se réaliser dans:
1/ la grande distribution : super et hypermarchés, chaînes spécialisées de distribution, …
2/ l’importation-distribution de voitures par les concessionnaires.
Au moment où l’industrie se casse la gueule par la concurrence déloyale de l’importation non-régulée des biens de consommation, les opérateurs dans l’agriculture redoutent que le massacre industriel sera relayé par la torture des activités agricoles dont notamment les grandes cultures et la production animale (toutes spécialités confondues).
Ce faisant, la Tunisie est en passe de se transformer d’un pays “producteur” en un pays “consommateur”, avec une structure du PIB en évolution défavorable pour l’industrie le tourisme et pour l’agriculture, en contrepartie d’un surendettement extérieur rampant destiné à financer le déficit commercial, lequel surendettement est implicitement couvert par les richesses naturelles du pays (voire des ouvrages et actifs divers pour les sukuk).
Récemment un Ministre ultralibéral a évoqué l’imminente réalisation d’un projet d’hypermarché pour un coût de 120 M² TND devant créer 1.200 emplois directs et indirects. Au-delà du coût élevé de création d’emploi (100 kD / emploi contre 30 kD pour l’industrie et 10 kD pour l’agriculture), un tel investissement détruira les petits commerces avoisinants et fera souffrir les PMI produisant les articles importés. Sur le plan des équilibres extérieurs, il contribuera au creusement du déficit commercial et à la fragilisation des réserves en devises, et par conséquent à l’aggravation de l’endettement improductif.
C’est dans ce cadre que s’érige le premier magasin du projet de chaine de distribution d’habillement relevant de l’enseigne française KIABI.
Faut-il s’en réjouir?
Pour pouvoir répondre, il est utile de rappeler qu’en conséquence à l’ALE’1995, plus de la moitié des PMI ont fermé usines ou sont sur le point de le faire, et près d’un demi-million d’employés industriels se sont trouvés au chômage. Par ailleurs, à la veille des négociations sur l’ALECA, l’on estime que cinq cent mille petits agriculteurs pourraient pâtir de l’ouverture totale des frontières avec l’UE, en raison des rapports dissymétriques entre le secteur tunisien et le secteur européen. En dehors du stress hydrique dont souffre l’agriculture tunisienne (450 m3/Hab/an contre un seuil de 2.000 m3/Hab/an), la disparité dimensionnelle et la disparité subventionnelle accentueront la disparition de diverses activités agricoles (céréaliculture, arboriculture fruitière, culture maraichère, élevage bovin, élevage ovin, aviculture). Seules quelques activités ne seront vraisemblablement pas affectées pour des raisons de spécialités régionales: oléiculture, datte, agrume, et primeurs.
 
source : Mohamed Chawki Abid

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