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Marie-Christine Vergiat: l’accord de libre-échange avec la Tunisie. Une désagréable impression de déjà-vu

Communiqué de Marie-Christine Vergiat
Députée européenne
Membre du Groupe GUE/NGL (Front de gauche)

Dès avant la chute du régime du dictateur Zine Ben Ali, la Commission européenne avait pour objectif l’adoption d’un accord de libre-échange dit “approfondi et complet”avec la Tunisie (ALECA). Plus qu’une simple libéralisation des droits de douane, il s’agissait et il s’agit encore et toujours de “rapprocher” les normes et régulations.

Les premiers éléments proposés par la Commission aux négociateurs tunisiens ne font que confirmer les craintes que partagent les sociétés civiles et parlementaires de gauche mais pas seulement des deux côtés de la Méditerranée.

“Importance d’une concurrence libre et non faussée” dans les relations commerciales, alignement sur le droit de la concurrence européen, copiés-collés de l’accord avec le Maroc… il ne manque que le tristement célèbre mécanisme d’arbitrage – pour l’instant seulement, en attendant que la question soit réglée dans le cadre du TTIP/CETA.

On se demande où sont passées les promesses du “Printemps arabe”. On se demande si ces institutions européennes sont conscientes de l’importance de la réussite de la transition démocratique en Tunisie pour le Maghreb, le Proche-Orient et au-delà. On se demande s’ils se rendent compte que ce pays est une poudrière, où la question sociale pourtant à l’origine de la Révolution n’a pas reçu le moindre début de réponse. Les soi-disant aides de l’UE et de ses États-membres, dont la France, ont plutôt aggravé la situation économique de la Tunisie et notamment sa dette.

Les risques sont grands de voir privatiser les services publics, dénier le droit balbutiant à la démocratie, sacrifier l’agriculture traditionnelle tunisienne et poursuivre la destruction de l’environnement.

Ces éléments réfutent l’argument de la Commission selon lequel cet accord serait exceptionnel et particulièrement bénéfique pour la Tunisie.

Comme tous les accords de libre-échange, il s’agit avant tout d’accroître l’accès au marché pour les entreprises européennes et de faciliter les réformes économiques structurelles néolibérales en Tunisie.

Le 25 février, le Parlement européen doit adopter en séance plénière une résolution contenant ses recommandations aux négociateurs de la Commission européen. Celle-ci fait le choix de nier l’évidence et de croire sur parole la Commission sur le soi-disant traitement de faveur dont bénéficierait la Tunisie.

Pour ma part, j’appelle encore une fois à un nouveau et réel partenariat entre l’UE et la Tunisie plaçant les intérêts des citoyens des deux parties au-dessus des profits des entreprises et investisseurs européens et je demande aux uns et aux autres de revoir la copie dans l’intérêt de toutes et de tous. Il y a urgence à prendre en compte les vrais enjeux pour donner une chance à la démocratie tunisienne.

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