Les états de services du soldat témoignent pourtant de son héroïsme. Outre le raid nocturne sur Abbottabad, Robert O’Neill a servi sur quatre zones de combat. Il a pris
part à quelque 400 missions et non des moindres, relate son père. En 2005, il porte secours à un compagnon d’armes, Marcus Luttrell, seul rescapé d’un autre commando de la Navy pris en embuscade lors d’un repérage dans les montagnes afghanes. Quatre ans plus tard, il est le premier à sauter en parachute sur le porte-conteneur américain, Maersk Alabama, détourné par des pirates somaliens. Autant de faits d’armes portés au cinéma. Pour sa bravoure au combat, Robert O’Neill a été décoré à 52 reprises. Il a notamment été récompensé par deux «Silver Stars» et trois «Bronze Stars», qui comptent parmi les plus hautes distinctions dans l’armée américaine.
Le risque de représailles
Mais l’émission de Fox News risque de lui attirer les foudres de son ancienne hiérarchie. Agacé, le patron des Navy Seals a rappelé à ses troupes qu’il leur était interdit, en vertu du code de conduite de l’unité d’élite, de narrer publiquement leurs exploits. Ces derniers sont par ailleurs couverts par le secret d’État. Le contre-amiral Brian Losey menace de poursuites judiciaires, Robert O’Neill n’est pas le premier membre de la fameuse Team 6 à lever le voile sur raid visant Oussama Ben Laden. Matt Bissonnette, auteur du best-seller No Easy Day, est sous le coup d’une enquête fédérale pour avoir livré des détails sur la mission sans l’accord préalable du Pentagone. Fox News assure de son côté ne pas avoir été contacté par l’administration avant la diffusion du documentaire mardi et mercredi prochain.
En tout cas, le Département d’État refuse de confirmer les dires du «Tireur». Ces derniers sont d’ailleurs contestés par plusieurs protagonistes. Robert O’Neill affirme avoir tué Ben Laden de trois balles, dont une dans la tête. Mais, selon une autre version des faits, le soldat aurait certes blessé mortellement le leader d’al-Qaida, mais ce sont deux autres Seals qui l’auraient ensuite tué. D’ailleurs, les circonstances même dans lesquelles Robert O’Neill a quitté la Team 6 sont sujet à controverses. À en croire CNN, il aurait été viré après s’être vanté de sa participation au raid dans des bars. Mais se présenter publiquement comme l’homme qui a tué Ben Laden comporte de nombreux risques. Son père en est bien conscient. «Les gens nous demandent si nous ne sommes pas inquiets de sortir de l’anonymat. Ils ont peur que des membres de l’État islamique ne viennent et se vengent. Je leur répondrai que je pourrais peindre une grosse cible sur ma porte d’entrée et que je les attends.»
source : Le Figaro